Dans notre Paracha Chemot (les noms), on voit que Hachem va dénombrer pour la première fois les Bné Israël.
Le moment choisi pour ce recensement est surprenant : n’aurait-il pas mieux valu compter les Bné Israël dans la Parachat Bo, au moment de leur délivrance ? Dans la Parachat Chemot, les Bné Israël vont tout juste commencer la période de l’exil !
Le Rabbi rapporte alors une Michna citée dans la Haggada de Pessa’h.
Là-bas, on raconte que, le jour où Rabbi Éleazar ben Azaryah h a été nommé Nassi, il déclara : « Je suis comme âgé de soixante-dix ans, mais je n’ai pas eu le mérite de démontrer que la sortie d’Égypte doit être mentionnée la nuit… jusqu’à ce que Ben Zoma le déduise du verset “Afin que tu te rappelles le jour de ta sortie du pays d’Égypte tous les jours de ta vie”.
“ Tous les jours de ta vie” : le terme “tous” vient inclure ce monde-ci et les temps messianiques.
Le Rabbi se pose alors la question : « Pourquoi cette Michna a-t-elle été rapportée précisément le jour où Rabbi Éleazar ben Azaryah fut nommé Nassi ? Et que signifie l’expression: « âgé de soixante-dix ans »?
La réponse est la suivante : la Galout (l’exil) n’est pas une descente mais, bien au contraire, une véritable élévation.
Plus fort encore: le Rabbi nous dit ici que la descente en exil n’est pas simplement une descente en vue d’une élévation, elle est « en soi » une élévation .
Maintenant, on peut comprendre pourquoi il fallait énumérer les Bné Israël dans notre Parachat Chemot et ne pas attendre la Parachat Bo pour cela.
Car le début de la délivrance se a véritablement lieu maintenant, au cœur même de l’exil, dans notre Parachat Chémot.
On comprend mieux également pourquoi cette Michna a été rapportée précisément le jour où Rabbi Éleazar ben Azaryah est devenu Nassi. Le rapprochement de ces deux éléments vient ici nous enseigner ce qu’est le rôle d’un Nassi en exil.
Le Nassi se tient parmi nous en exil et son but est de nous enseigner “tous les jours de ta vie”.
On l’a vu, le terme “tous” vient inclure ce monde-ci et les temps messianiques.
Autrement dit, le rôle d’un Nassi est de nous montrer le chemin qui nous conduira aux temps messianiques.
La force même du Nassi peut se retrouver en allusion dans son nom : « É-l–azar ben Azar–Y-ah ».
Si l’on décompose ce prénom, cela signifie qu’il reçoit l’aide (« azar ») de D-ieu (dont « É-l » et « Y-ah » sont des noms saints) pour sortir d’Égypte, même en temps d’exil.
C’est aussi la raison pour laquelle Rabbi Eleazar ben Azaria était « comme âgé de soixante-dix ans », car tel est le temps nécessaire à un homme pour raffiner les sept Midot de son « âme animale » et pour atteindre la « vision » du divin.
En effet, 70 est la valeur numérique de la lettre hébraïque « ayin », qui signifie « œil », ce qui fait allusion au fait que le raffinement de l’âme pendant soixante-dix ans permet d’accéder, à terme, à une révélation du divin tellement forte qu’elle peut être qualifiée de « vision ».
À titre d’exemple, le Rambam a précisément vécu 70 ans : il a atteint ce niveau extraordinaire de conscience du divin
Le Rabbi termine cette Siha en rappelant, comme il l’a fait à de nombreuses reprises, les paroles de son beau-père le Rabbi (précédent), Nassi de notre génération: « toutes les échéances ont été dépassées. Les enfants d’Israël ont fait Téchouva et ont tout achevé, y compris « le polissage des boutons » et il faut seulement que D.ieu ouvre les yeux des Juifs afin que ceux-ci voient que la Délivrance est déjà présente, et que l’on est déjà assis devant une table dressée sur laquelle se trouvent le Léviathan et le Chor Habar.